Les sentiments au fond de la poche.
Il y a un peu plus de 5 ans, j’ai perdu la capacité à avoir des mots et des gestes d’affection, de tendresse, voire plus encore… Rien ne pouvait sortir, sauf une fois peut-être avec une prise d’élan inconsidérée, et un allant de cascadeur…
Au tout début je ne savais pas à quel moment situer le début de ce trouble… Un peu plus tard, quelques mois, près d’un an, j’ai fait le lien avec la rupture avec J. Notre histoire a été assez courte, et pas plus puissante qu’une autre, enfin je crois, mais la fin m’a laissé avec un tas de questions sans réponse qui je crois on est un peu perturbé mon rapport aux sentiments. L’essentiel des questions sans réponse tourne autour du pourquoi et du comment, cette histoire c’est en terminée par un : « je t’aime, mais je te quitte » qui ouvre trop de questions sans donner de réponse.
Il m’a fallu du temps pour accepter que je n’aurais pas de réponse, d’autant qu’avec soin elle avait fermé les points le contact, me laissant avec mes questions.
C’est, je crois, à ce moment-là, que je me suis fermé à toute idée de nouvelle relation… J’avais mes amis, un boulot très prenant, passionnant mais envahissant… je bossais beaucoup (trop) et voyais un peu mes amis, ce qui avait l’avantage d’occuper considérablement le temps, et évitez de penser… le divorce était lointain, j’avais mon appartement, je vivais seul, évitant ainsi toute question sur des sujets de vie sentimentale…
Et puis un jour, tout cela me rattrape, je rencontre de nouvelles personnes, intéressantes, pour certaines passionnantes, d’autres encore pour lequel un léger pincement au cœur se fait sentir… mais… rien, impossible, impossible d’avoir un geste d’affection, ou d’amitié, ne parlons pas d’amour (ou du moins pas encore), impossible d’avoir un geste, mais aussi impossible d’avoir un mot… Il m’est même parfois impossible de mettre un emoji dans un message… Terminez une carte par « affectueusement » était devenu impossible, Comme un interdit, de ces mots, de ces gestes qu’il convient d’éviter.
Là-dessus arrive le COVID et les divers confinements… à titre personnel ça m’arrange, je reste chez moi quasi un an sans sortir, mais surtout sans voir personne, mais ça aussi, ça a une fin, il faut ressortir, et rencontrer d’autres personnes (bon point, la bise systématique semble disparaitre), même si mes amis que je qualifierais d’historique sont toujours là avec l’importance que l’on peut imaginer.
Ça fait autour de 5 ans maintenant que je me promène avec mes sentiments au fond de ma poche et mon mouchoir bien tassé par-dessus.
La vraie question maintenant c’est de savoir comment retirez le mouchoir, essayer de reprendre un peu de contrôle sur ma manière d’être… Parce qu’il faut être clair, c’est difficile à vivre, c’est compliqué au quotidien, sauf avec mes très proches.
Avec la fin d’activité, et certains mouvements dans les « réseaux sociaux » que j’utilise, j’ai rencontré d’autres personnes, avec un niveau d’attachement différent pour chacun et un niveau d’affection pour chacun, mais pas ou peu d’expression de cela… et plus encore qu’avant cette incapacité me pèse.
Dans l’absolu, ce serait bien que ça change maintenant, parce que j’ai rencontré d’autres personnes parce que j’ai envie de leur dire à quel point je les aime chacune à leur niveau, et que remplacer ce qui pourrait être un grand hug affectueux plein de reconnaissance et d’attention par une phrase un peu bateau même si j’en ai choisi les mots.
Heureusement, puisqu’il est bon d’amener un peu d’optimisme, ça change, doucement mais ça change… il y a quelqu’un dans mon entourage qui fait que je me sens suffisamment à l’aise, suffisamment au calme, en sécurité aussi, pour me faire avancer dans ce sens. Attention, on est loin du compte quand on compare avec comment j’étais il y a maintenant presque 6 ans, mais de temps en temps j’arrive à poser un mot, il m’arrive parfois de m’en excuser… C’est compliqué, je crois qu’elle sait, d’abord parce que je lui ai expliqué, et que je la sais suffisamment attentive pour le voir. Donc oui, ça avance, petit à petit certains mots reviennent, pas forcément les bons, pas forcément au bon moment, Mais ça revient.
Je peux penser que ça va continuer, que les choses vont encore changer, s’améliorer, que je retrouverai les gestes, les mots et pourquoi pas espérer une vie différente, une vie partagée.